Il est possible que j’aie été victime d’une de mes négligences technologiques récemment. N’ayant plus connu, depuis bien des années, des incidents avec mes supports de stockage (clés USB, disques durs internes ou externes), j’ai probablement négligé certaines précautions qui m’auraient évité bien des troubles et des semaines entières d’anxiété : en retournant un jour du boulot, alors que je voulais consulter des données, je me suis rendu compte qu’un de mes disques durs étaient devenu subitement vide! Je semblais avoir tout perdu, tout! Mais je me suis résolu à tenter le tout pour le tout, afin de parvenir à récupérer les données perdues d’un disque dur externe amnésique avancé.
Le contexte
Pour comprendre, il faut savoir que certains de mes disques durs sont connectés à mon routeur-modem. Celui-ci en diffuse donc le contenu automatiquement sur le réseau interne. J’aurais pu le configurer autrement, mais cette option était là, alors je l’ai exploitée. Le disque dur victime, un Seagate BackUp Plus de 4To, m’avait déjà, dès les premiers octets transférés, causé quelques froncements de sourcils. Je le trouvais un peu long dans les transferts. J’avais d’abord pensé que cela était juste la conséquence de la nature des données transférées (des vidéos majoritairement). Leur poids et leur nature rendait les choses plus lentes. Mais j’ai vite oublié cet aspect, puisque j’avais finalement, sans trop de mal, pu transférer les quelques 500 Go de cours et vidéos en tout genre que j’avais accumulées au cours des années précédentes. Le comble c’est que ce disque dur, je l’avais spécialement acquis dans le but de centraliser toutes ces ressources qui étaient jusques alors éparpillées dans mes nombreux autres disques durs portables.
Le problème
Je me suis donc retrouvé, en raison d’une micro-coupure de courant, orphelin de plus de 500Go de données d’une richesse peu commune :
- plusieurs collections extrêmement et soigneusement classifiée (arborescences multiples et profondes)
- des années de vidéos et autres média parfois uniques en leur genre. Exit donc la possibilité de “reconstituer” la collection (à moins d’être secrètement entrain de tourner Mission Impossible 7 ou quelque chose du genre)
La bonne nouvelle générale, c’est que je suis parvenu à retrouver mes données. Je vais vous expliquer comment j’y suis parvenu.
La solution
Pas d’altération du disque
Que vous ayez accès aux données ou pas, que le disque dur soit vide ou non reconnu, n’essayez surtout pas de l’altérer. Il est important d’éviter
- d’ajouter ou effacer des fichiers/dossiers
- de formater le disque dur
- de le partitionner / repartitionner
- de danser autour du feu ou dans l’espace avec le disque
- etc.
Malgré le caractère tragique de la situation, je me suis rendu compte que bien des fois, il existe de bonnes chances de remédier à la circonstance, ne serait-ce que de façon partielle. Or les manipulations causant d’éventuelles altérations sont plutôt susceptibles de réduire ou carrément nuire à ces chances.
Restauration du Système de Fichiers
Dans mon cas, après le retour du courant, je parvenais à me connecter au disque, mais celui-ci semblait vide. Chez certains, cela pourrait se manifester par le disque qui n’est plus correctement reconnu. Quelque soit le symptôme, il est important d’essayer de restaurer le système de fichiers. Un système de fichiers défaillant pourrait se traduire par une impossibilité d’accéder correctement aux données.
Pour y parvenir, les outils sont nombreux, et dépendent de plusieurs facteurs, comme les systèmes d’exploitations et les systèmes de fichiers utilisés. L’intégralité de mon système est basé sur Linux. Mais j’avais laissé ce disque dur au format NTFS. Pour de meilleurs résultats, je me suis donc servi d’une machine virtuelle Windows 7, à laquelle j’ai connecté le disque dur défaillant.
j’y ai exécuté la commande suivante :
chkdsk [Lecteur:] /F /R /X
- Lecteur: représente le lecteur de votre disque dur externe. Chez moi, c’était F
- l’option /F demande à la commande de résoudre les erreurs identifiées
- l’option /R identifie les secteurs défectueux, puis essaye d’en récupérer les informations
- l’option /X, quant à elle, force le lecteur à être démonté, si nécessaire. En effet, certaines opérations ne peuvent être bien menées que si le disque est démonté.
Cette commande, je l’ai exécutée 3 fois de suite. Et suite à chaque exécution, je redémarrais le système, avec le disque dur connecté.
EaseUs Data Recovery Wizard Professional
La méthode précédente a eu pour mérite de stabiliser le système de fichiers du disque dur. Mais cela n’a pas rendu mes données. Je suis donc passé à la vitesse supérieure. Il y a quelques années, j’avais utilisé EaseUs Data Recovery (EDRWP pour les intimes) pour récupérer partiellement les données d’un disque dur. À l’époque, je voulais juste récupérer des photos. Le reste du disque dur, principalement constitué de fichiers système, ne m’intéraissait pas (le moins du monde). Et les choses s’étaient bien passées. Si je parvenais ne serait-ce qu’à récupérer mes données, même brutes et non classées, alors ma joie aurait été certes imparfaite, mais elle aurait quand même été :-)
À ma grande surprise, les versions plus récentes proposent même de restaurer l’arborescence complète du disque endommagé. Moi qui suis maniaque en matière de gestion de fichiers, ce fut un gros espoir.
Les étapes
Voici les étapes que j’ai suivies :
- achat de l’application en ligne. Si vous n’êtes pas sûr que ce logiciel fera l’affaire, vous pouvez toujours télécharger gratuitement une version d’évaluation qui vous permettra au moins de voir les données récupérées. Si ce que vous voyez vous plaît, vous pourrez alors acheter la version complète, afin de procéder à la restauration intégrale
- installation de l’application dans le système de restauration. Dans mon cas, c’est au sein de la machine virtuelle que j’ai réalisée cette installation
- connexion du disque dur au système de récupération
- lancement de la procédure de récupération. Chez moi, après une poignée de minutes, EDRWP avait déjà identifié, à mon grand bonheur, une grosse partie des données, qui, jusque-là, semblaient perdues dans un trou noir digital et numérique. Mais pas de précipitations. Il ne faut surtout pas interrompre l’analyse ou exporter ce que vous avez déjà vu, à moins que cela corresponde à ce que vous recherchez. Dans mon cas, c’est l’intégralité du disque que je voulais restaurer.
- analyse approfondie. Bien prendre le soin d’attendre la fin de l’analyse approfondie. C’est cette analyse qui sera le garant d’une restauration plus complète, respectant les arborescences initiales. Malheureusement, cette étape peut s’avérer longue, très longue, très très longue. Chez moi, elle a pris 18 jours et presque 19 nuits!!!!!!!!!!!
- récupération des données. Une fois que l’analyse approfondie est terminée, lancer la récupération des données. Il s’agit de sélectionner un dossier qui accueillera les données restaurées, afin que le système y rapatrie les données perdues.
Même si le disque victime comporte encore de l’espace, il est fortement conseillé de sélectionner un autre emplacement.
Conclusion
Mes sentiments sont mitigés. Car oui, j’ai pu retrouver mes données. Mais je n’ai pas pu récupérer l’intégralité de mon arborescence. Mais après tout, en étant plus prévoyant, j’aurais facilement pu m’éviter toutes ces tracasseries. De plus, les configurations de mes environnements n’étaient peut être pas non plus optimales pour ce travail.
Voici en bref le bilan de cette opération, ainsi que les configurations utilisées pour la manœuvre :
- Disque dur victime : Seagate BackpUp Plus 4To
- Volume de données disparu : un peu plus de 500Go de vidéos principalement, répartis en 11 414 fichiers
- Volume de données n’étant pas à sa place à la fin de l’opération (les fichiers qui ont été retrouvés, mais n’ont pas été restaurés au bon endroit dans l’arborescence) : 3 726 (32.64%!!!)
- Temps total de l’opération : 22 jours (3 jours de chkdsk, 18 jours d’analyse approfondie, 1 jour de restauration)
Une fois de plus, mes sentiments sont mitigés. Oui, j’ai récupéré 100% de mes données. Mais sur toutes les données récupérées, 32% sont mal classées. Il me faudra donc trouver du temps pour les remettre au bon endroit (Saint Glinglin???). Par ailleurs, le temps de traitement a été colossal. Il est vrai que je préfère cela à perdre 500Go de données. Mais quand même! Sachant que j’ai travaillé avec une machine virtuelle comme principal système de récupération, il est fort possible qu’en optimisant mieux les ressources (processeurs, mémoire vive), j’eusse pu obtenir de bien meilleurs résultats. Je ne le saurais jamais, et je préfère même ne pas le savoir.
Je compte plutôt éviter de me retrouver dans pareille situation.
En ce qui vous concerne, qu’auriez-vous fait ? Connaissez-vous une application plus efficace pour récupérer l’intégralité des données perdues, et la restauration parfaite dans les arborescences d’origine? Je serais curieux de la connaître.